Deuxième édition : UQAM
Stations Panama, Du Quartier et Gare Centrale, été 2024
L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a réalisé la deuxième édition du programme d’art temporaire porté par le REM sous la supervision des artistes et professeures Caroline Laurin-Beaucage et Nelly-Ève Rajotte, respectivement du Département de danse et de l’École de design de l’UQAM, ainsi qu’avec la collaboration de l’artiste invité Jonathan Villeneuve des Ateliers Belleville.
Les trois œuvres temporaires ont été réalisées dans le cadre du cours « Magnifier le présent : approches interdisciplinaires pour œuvres d’art public », centré sur la question : comment célébrer le présent, le rendre plus grandiose, tout en s’inscrivant dans une perspective de soin et d’inclusion dans un territoire donné : le REM et ses passagers.
Les œuvres
Trajectoires Tissées et Entrelacées Éc(h)o : passage du vivant Oxygène
Inspirée par les rhizomes qui s’étendent et se croisent sous la terre, l’œuvre Trajectoires tissées et entrelacées est une installation textile collaborative composée de milliers de morceaux de tissus recyclés enroulés de laine. Imbriqués les uns dans les autres, ces rhizomes créent une immense trame qui évoque les trajets et les interactions quotidiennes des usagers du Réseau express métropolitain (REM). La diversité de couleurs, de formes et de textures symbolise la richesse multiculturelle omniprésente dans cette station. L’œuvre se déploie de manière organique sur 16 grilles suspendues au plafond de la station Gare Centrale.
En transformant des matériaux récupérés en une œuvre d’art, Trajectoires tissées et entrelacées souligne l’importance de la durabilité et du recyclage. De plus, enrouler de la laine autour de retailles de tissus est un geste performatif et méditatif qui valorise plusieurs principes, notamment l’importance de s’accorder des moments de calme et de réflexion.
Cette installation nous invite à réfléchir sur notre propre passage dans la ville, à reconnaître les contributions invisibles des autres et à comprendre comment ces connexions façonnent notre vie quotidienne.
Processus créatif
Près de 550 mètres de rhizomes textiles ont été confectionnés avec enthousiasme et créativité durant ce projet. Les deux tiers de la production de rhizomes ont été réalisés par les trois artistes du Collectif, qui ont passé deux mois à enrouler allègrement de la laine dès qu’elles avaient les mains libres, notamment dans le métro et le bus. Une centaine de résidents montréalais, de tous âges et d’origines multiples, y ont contribué lors d’ateliers d’art participatifs offerts à Montréal, avec la collaboration d’organismes tels que les Cercles des Fermières Ahuntsic et Cœur-de-l’Île, Le Milieu et Petites-Mains. Cette initiative souligne la force de la diversité et de la création collective, un aspect central du projet.
Des dizaines de kilogrammes de tissu et des centaines de pelotes de laine récupérées ont été nécessaires pour donner vie à ce projet. Avec un poids total de près de 90 kilogrammes répartis sur 16 grilles, ces rhizomes témoignent de l’ampleur de cette œuvre collective.
Éc(h)o : Passage du Vivant est une installation artistique située dans le tunnel de la station Panama du REM, transformant un espace de transit en un habitat de thérapie verte. L’œuvre se déploie à travers des vidéos, des photos, du son et des performances en direct, créant une expérience immersive qui juxtapose le vivant et l’artificiel.
En entrant dans ce tunnel, les usagers sont accueillis par une structure en bois ornée de fenêtres glacées. De l’autre côté, de vastes appliqués semblent refléter ces fenêtres, envahissant l’espace tel un végétal rampant. Ces éléments sont conçus pour refléter la résilience et la beauté de la vie. Les performances en direct ajoutent une dimension vivante, où les interprètes incarnent la vitalité du monde naturel.
L’œuvre explore la capacité de survie et d’adaptation des êtres vivants, même dans des environnements artificiels. En créant une cohabitation harmonieuse entre l’artificiel et le vivant, Éc(h)o : Passage du Vivant invite les usagers à reconsidérer leur passage dans ce lieu comme une expérience contemplative et réfléchie, plutôt qu’un simple acte utilitaire. Ce dialogue entre nature et technologie souligne l’importance de la pleine conscience environnementale et l’impact positif que cette perspective peut avoir sur notre quotidien.
En intégrant cette installation dans le cycle répétitif des trajets du REM et de ses usagers, l’œuvre s’insère dans un écosystème de mouvement continu. Chaque passage devient un rappel de la nature cyclique de la vie, transformant le quotidien en une expérience de renouvellement et de reconnexion avec le vivant.
Processus créatif
Le processus de création de l’installation est apparu de façon spontanée. Tout a commencé avec une idée folle : créer un vivarium urbain. Comment intégrer nos pratiques artistiques variées dans cette vision, tout en respectant la direction artistique? Certains sont partis marcher en forêt, d’autres ont observé leurs propres plantes, d’autres encore ont étudié celles qui survivent depuis l’ère des dinosaures. À la suite de ces recherches, l’idée de jouer avec la notion de résilience nous a frappés comme une évidence. Maintenant, nous jonglons avec les échelles, entre le vrai et le faux, pour transformer le tunnel Panama en une expérience artistique qui nourrit l’imagination de nos visiteurs urbains.
Conscients de notre propre impact environnemental, nous avons conçu cette œuvre éphémère avec une approche durable pour affirmer notre engagement écologique. Ainsi, 50 % des matériaux utilisés pour la structure sont de seconde main, et seront réutilisés ou donnés à la fin de l’exposition. Cette démarche reflète notre volonté de conjuguer art et responsabilité environnementale.
Oxygène
Artistes : Ariane Dubé-Lavigne, Alice Hébert, Alynna Gao, Colin Dumouchel, Tristan Cardinal et Xhunaxhi Ortero-Ortega
Interprétation : Aurélie Brunelle, Ariane Dubé-Lavigne, Pierre-Rodrigue Kwemi, Anouk Thériault, Audrey Rochette et Lou-Anne Rousseau
Contribution à l’idéation : Victor Imbeau
Vidéo : Laurence Suprenant
À la rencontre entre un espace extérieur et intérieur, entre une passerelle suspendue dans les airs et les deux pieds dans l’herbe, entre la station Du Quartier et le Grand Parc Urbain de Brossard, des artistes en arts visuels, en design, en architecture et en danse ont créé une œuvre visuelle inspirée de gestes performatifs dans ces lieux publics respectifs. Cette proposition multidisciplinaire relie mouvements du quotidien, images photographiques, et impressions textiles dans le but de créer un espace de respiration au sein du REM.
Ce projet apporte un souffle différent à la station Du Quartier, offrant à tous un moment de contemplation et de bien-être. Les usagers peuvent s’y arrêter avant de poursuivre leur chemin qui les amène à se déplacer dans le REM. Chaque arrêt devient alors une opportunité pour modifier sa propre trajectoire, découvrir de nouveaux points de vue sur son environnement et contempler le quotidien avec un regard nouveau.
Processus créatif
Le développement de l’idée a commencé par la question de savoir comment habiter un espace aussi rectiligne, structuré et formel, que la station Du Quartier du Réseau express métropolitain (REM). Avec ce questionnement nous habitant, nous avons visité les alentours de la station, pour mieux comprendre et documenter cet espace public.
Observés par notre équipe, c’est ainsi que six gestes se sont oxygénés, comme s’ils prenaient vie, inspirés par les mouvements quotidiens des usagers du REM. Ils ont été reproduits par six performeur·euse·s dans le Grand Parc Urbain de Brossard, plus précisément dans trois lieux spécifiques que nous avons nommés ainsi :
le coin
la plaine
la colline
Dans chacun de ces endroits, les performeur·euse·s ont habité l’espace à partir de l’un de ces six mouvements. Découvrant de nouvelles façons de bouger, de jouer, d’entrer en relation; leurs déplacements intuitifs dans l’espace ont permis la récolte de données photographiques et trajectorielles.
Cette récolte se déploie sur les imprimés vinyles installés sur les vitres de la station Du Quartier. Ils gardent vivantes les traces du projet d’art performatif qui s’est déroulé tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la station.
Quatre performances se déroulent en parallèle dans l’une des passerelles menant à la station. Tout comme les gestes qui ont été sculptés par les environnements avec lesquels ils sont en contact, on retrouve sur les vêtements portés par les artistes qui performent des traces de matières issues des lieux visités, amenant ainsi avec eux l’empreinte de ces lieux organiques et ludiques au sein du REM.
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