Cinq techniques innovantes pour construire le REM
Bâtir une ligne de métro léger de 67 km implique de grands défis, dont celui de construire rapidement, tout en respectant les milieux traversés. Le tracé du REM passe par plusieurs milieux : des cours d’eau, un tunnel au cœur du centre-ville, des zones humides protégées, des secteurs résidentiels et même sous les pistes de YUL!
Voici 5 exemples de techniques innovantes mises en œuvre pour optimiser le travail et relever les grands défis sur les chantiers.
1. La technique parapluie : réparer de l’intérieur pour éviter une fermeture majeure
📍 Secteur : Tunnel Mont-Royal, station McGill
Pour traverser le centre-ville, le REM empruntera le tunnel ferroviaire du Mont-Royal, où se déroule présentement d’importants travaux de modernisation.
Parmi les travaux de modernisation en cours, on retrouve la reconstruction de la voûte qui soutient la partie sud du tunnel, dans le secteur de la station McGill. Devant l’enjeu de dégradation, la décision a été prise de démolir une partie de la double voûte et de la remplacer.
Les ingénieur.es ont dû concevoir une solution innovante pour démolir l’ancienne structure et reconstruire la voûte, tout en évitant une fermeture importante de la rue juste au-dessus – nous sommes en plein cœur du centre-ville et des édifices de plus de 20 étages surplombent le tunnel!
C’est la technique parapluie qui a été retenue. Voici les étapes :
- Pour commencer, un soutènement temporaire est créé en renforçant la structure au-dessus de la double voute avec des tubes forés. On doit le nom « technique parapluie » à la forme de demi-cercle formé au-dessus de la voûte;
- Ensuite, le soutènement créé permet aux équipes de venir excaver et démolir le mur dégradé de la double voute;
- On retire ensuite les tubes forés pour ajouter des cintres en acier pour renforcer la structure.
Par sa rapidité, cette solution a permis de répondre à l’enjeu de dégradation tout en évitant un report important de l’échéancier.
2. Technique du pont lancé : construire un pont par contrepoids
📍 Secteur : Rive-Nord
Pour relier le tracé du REM entre Montréal et les Îles de Laval, un nouveau pont ferroviaire est construit à l’aide d’une technique jusqu’ici peu utilisée au Québec : celle du pont lancé.
Traditionnellement, la construction d’un pont qui traverse un cours d’eau nécessite des jetées (des espaces temporaires aménagés sur l’eau pour créer des plateformes de travail et des quais) sur lesquelles on peut notamment installer de l’équipement. Avec le pont lancé, le pont est d’abord construit sur l’une des deux rives, puis poussé au-dessus de l’eau pour rejoindre les piliers préalablement installés. Aucune jetée n'a été nécessaire sur la rivière elle-même. Cette technique a permis de contrer le fait que le courant était particulièrement fort dans la zone de construction et ainsi accélérer la construction du pont.
3. Les poutres de lancement : construire une structure aérienne en un temps record
📍 Secteur : Ouest-de-l’Île
La poutre de lancement est une imposante machine de 105 mètres qui a été utilisée pour la première fois au Québec, dans le cadre de la construction de la structure aérienne du REM. Afin d’accélérer le travail, deux poutres de lancement, surnommées Anne et Marie, ont été mobilisées sur le projet à des endroits différents du tracé pour construire en simultané.
Placée entre deux piliers, la poutre soulève un à un des voussoirs (des morceaux de béton de 50 tonnes chacun) pour ensuite les assembler et former, ultimement, ce qu’on appelle une travée.
Alors que leur utilisation est assez répandue dans le monde, la technique est relativement peu utilisée au Québec. L’avantage de la méthode? Elle permet une construction beaucoup plus rapide : en moyenne, seulement deux jours sont requis pour assembler une travée, comparativement à 3 semaines avec les méthodes traditionnelles.
4. Le tunnelier : une autre première au Québec
📍 Secteur : Aéroport
C’est dans un tunnel de près de 3 km, à 30 mètres sous la surface, que le REM se rendra du secteur Technoparc jusqu’à la station YUL-Aéroport-Montréal-Trudeau. Considérant la grande complexité des sols dans ce secteur et les besoins de protéger le milieu et les infrastructures en place, une technologie s’imposait : le tunnelier.
Cette impressionnante machine a l’avantage de jouer plusieurs rôles : elle est capable à la fois de creuser le roc, d’assembler les murs du tunnel et d’évacuer les débris et la terre générés sous son passage. Le tunnelier a terminé son travail à l'été 2022, après avoir foré et installé un tunnel de 2,5 km.
5. Le SOGUN : la projection au service des équipes de bétonnage
📍 Secteur : Tunnel Mont-Royal
Le projet du REM est un terrain de jeu fertile à l’innovation! Pour gagner en efficacité dans le cadre des nombreux travaux de béton projeté à effectuer dans le Tunnel Mont-Royal, la technique SOGUN a été déployée pour permettre aux équipes de connaître l’épaisseur exacte de béton à appliquer.
Le système est composé d’un capteur Lidar (Light Detection and Ranging) qui, à l’aide de milliers de rayons laser, numérise la surface du tunnel. En moins d’une minute, le système effectue un balayage 3D, traite les données et compare la surface réelle à celle de conception. Ensuite, le système de projection à lampe laser projette des couleurs variées sur les parois du tunnel pour indiquer les zones où il faut intervenir. En plus des nuances affichées sur les parois du tunnel, des chiffres indiquent la quantité de béton à projeter ou à enlever. Tout ce système relève d’un ordinateur de bord qui est capable de calculer les quantités exactes requises en comparant en temps réel l’évolution du tunnel et le fichier de conception, soit le résultat final désiré.