100 ans d’histoire : les secrets du tunnel Mont-Royal
Le REM reliera les stations McGill à Édouard-Montpetit à travers un tunnel sous le Mont-Royal. Mais ce tunnel n’a rien de nouveau : il fête ses 100 ans cette année, le 21 octobre 2018. Pour l’occasion, nous faisons visiter le tunnel au public (voir encadré en bas de page) et nous dévoilons quelques secrets!
1910-1918 : la construction du tunnel Mont-Royal
Tout commence en 1910. Alors que l’automobile est réservée aux plus riches et que l’aviation n’en est qu’à ses débuts, le transport des personnes et des marchandises est monopolisé par les trains. En tant que métropole, Montréal est un passage obligé et constitue l’un des principaux centres ferroviaires au pays.
On retrouve trois compagnies ferroviaires à Montréal. Le Grand Tronc et le Canadien Pacifique (CP) sont déjà bien implantées et bénéficient chacune d’une gare au centre-ville. Ce n’est pas le cas de la troisième compagnie, le Canadien Nord, dont la gare est située à l’est de Montréal. Pour desservir le port et le centre-ville, le Canadien Nord ne peut contourner par l’ouest, saturé par ses concurrents, ni par l’est, trop coûteux en raison des expropriations. L’ingénieur Henry Wicksteed propose alors de creuser un tunnel à travers la montagne et de construire un nouveau terminus au centre-ville. C’est l’ancêtre de notre gare Centrale, qui sera entièrement reconstruite en 1943.
Les travaux du tunnel Mont-Royal commencent en juillet 1912. C’est un défi technique pour l’époque : le tunnel est long de 5,3 km et descend jusqu’à 188 mètres de profondeur. Deux équipes creusent de chaque côté du tunnel et se rejoignent en décembre 1913. Le tunnel est déjà prêt mais l’aménagement ferroviaire prend du retard, la faute entre autres à la Première guerre mondiale et au manque de main d’œuvre.
Cinq ans plus tard, le tunnel ferroviaire est enfin achevé. Le premier train circule le 21 octobre 1918 reliant Montréal à Toronto (prix du billet : 25 cents!). Fait rare au début du siècle dernier, la locomotive est électrique et non à vapeur.
Parallèlement à la construction du tunnel, le Canadien Nord n’est pas à court d’idées pour financer ce méga projet. La société décide de construire une cité-modèle de l’autre côté de la montagne : c’est la ville de Mont-Royal dont les plans d’origine (1912) sont encore respectés aujourd’hui. Les revenus immobiliers permettront au Canadien Nord de financer en partie la construction du tunnel tandis que la cité sera desservie par le train, à quelques minutes de la gare au centre-ville.
Quelques années plus tard, le Canadien Nord fusionne avec plusieurs compagnies ferroviaires pour former le Canadien National (CN). Les travaux du Canadien Nord auront contribué de manière importante à l’histoire des transports collectifs à Montréal, servant de prémisses à la gare Centrale et la ligne de train de Deux-Montagnes.
En 1995, la gare Portal Heights (ligne Deux-Montagnes) est renommée gare Canora, un clin d’œil au Canadien Nord. Les syllabes correspondent au nom anglophone CAnadian NOrthern RAilways.
1961-1983 : le métro devait passer par le tunnel Mont-Royal
Après le train et le tramway, Montréal fait sa révolution tranquille dans les transports collectifs. Le maire Jean Drapeau présente en 1961 le premier plan du métro, alors composé de trois lignes : la ligne 1 (verte), la ligne 2 (orange) et la ligne 3 (rouge).
Les couleurs verte et orange vous disent sans doute quelque chose, la « ligne rouge » probablement moins! Dans le projet initial, la troisième ligne devait traverser Montréal dans l’axe nord/sud en empruntant le tunnel Mont-Royal. Le métro aurait ainsi permis de connecter Outremont, Mont-Royal, Saint-Laurent, Cartierville ou encore Ahuntsic.
Mais les discussions traînent avec les municipalités traversées par la ligne puis, un an après l’annonce de Jean Drapeau, Montréal est choisie pour organiser l’Expo 67. La ligne rouge n’est plus la priorité et la ville se concentre sur la construction de la ligne jaune. Dans les années 1970, la construction de la ligne bleue (mise en service en 1986) enterre définitivement le projet.
Si la ligne rouge ne sera pas réalisée, le concept d’un métro dans le tunnel Mont-Royal est toujours envisagé. En 1983, lors de la construction de la station Édouard-Montpetit, les architectes prévoient une connexion avec le tunnel. Ils dessinent alors les plans de la station que l’on connaît aujourd’hui, tout en réfléchissant à comment pourrait s’intégrer une éventuelle correspondance dans un futur éloigné. Étant donné la profondeur du tunnel à cet endroit (70 mètres), ils envisagent une connexion avec des ascenseurs à haute vitesse. C’est la solution qui sera reprise par les ingénieurs du REM.
2016-2022 : l’histoire continue avec le REM
100 ans après la construction du tunnel et 60 ans après la présentation de Jean Drapeau, le plan d’un métro traversant le tunnel Mont-Royal devient finalement une réalité. Présenté pour la première fois en 2016, le tronçon principal du REM reprend en grande partie le plan de 1961. La station Édouard-Montpetit (ajouté au REM en novembre 2016) s’inspire du travail réalisé par les architectes de l’époque en 1983. Et la ligne Rouge est devenue le R.
Cette histoire vous intéresse? Gagnez vos places pour une visite du tunnel Mont-Royal
Dans le cadre des 100 ans du tunnel, nous organiserons une visite du tunnel le dimanche 21 octobre 2018 (à 12 h 30, horaire exact à confirmer) et offrons trois places au public. C’est une occasion rare de découvrir cette infrastructure centenaire. Vous pourrez également échanger avec les ingénieurs de notre équipe sur le projet du REM.
Pour participer au concours, c’est tout simple : partagez et commentez notre publication Facebook sur le tunnel Mont-Royal. Vous pouvez par exemple tagguer un ami ou nous dire en quelques mots pourquoi vous souhaitez visiter le tunnel!
Le tirage au sort a lieu le lundi 15 octobre à 10 h.